Sarkozy et Villepin, souvenir pas raccord

Publié le par P.A.

Alors que les rapports semblaient se normaliser entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy, le week-end de Noël a été l'occasion d'une nouvelle passe d'armes entre les deux hommes à propos de l'affaire Clearstream. Hier, le ministre de l'Intérieur, via son avocat, a apporté «un démenti catégorique» à des propos que le Premier ministre a tenu, selon les comptes rendus de son audition marathon publiés dans la presse.
En fin de semaine dernière, devant les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons, Villepin a été amené à évoquer l'une des notes du général Philippe Rondot. Résumant un entretien avec le Premier ministre, le 19 juillet 2004, l'ancien agent secret avait écrit cette phrase : «Si nous apparaissons, le PR [président de la République, ndlr] et moi, nous sautons.» Face aux magistrats, le chef du gouvernement a jugé «absurde» cette note, précisant qu'elle provenait d'un entretien qu'il avait eu avec Sarkozy en octobre 2004 et non en juillet. «Très en colère» et «toujours pas convaincu», le ministre de l'Intérieur lui aurait dit, toujours selon Villepin : «Si vous apparaissez [comme ayant caché ce rapport, ndlr], le Président et vous, vous sautez.» Villepin a expliqué avoir lui-même parlé de cette altercation verbale au général Rondot qui l'aurait donc mal retranscrite.
Dans le Monde daté d'aujourd'hui, le locataire de la place Beauvau, et partie civile dans cette affaire, contre-attaque. Me Thierry Herzog, l'avocat du ministre de l'Intérieur, assure que son client a «découvert avec étonnement» les faits tels que relatés par le chef du gouvernement et «décidé, dans ces conditions, de faire exception à la règle qu'il [s'était] fixée de ne jamais commenter les éléments de la procédure, en apportant, sur ce point, un démenti catégorique». L'avocat précise que Sarkozy «se souvient parfaitement de cet entretien ; il affirme qu'il n'a pas prononcé les mots qui lui sont prêtés  [par Villepin], d'autant qu'à aucun moment il n'a pu envisager que le chef de l'Etat ait pu être concerné en quoi que ce soit par cette affaire» . Matignon rappelait hier que Villepin, qui s'était refusé jusqu'à maintenant à tout commentaire pour réserver ses explications aux juges, avait témoigné sous serment. Devant les juges, Villepin avait regretté «l'instrumentalisation politique et médiatique» de l'affaire Clearstream.
Quelques heures après son audition de dix-sept heures, Villepin avait reçu vendredi ses ministres (dont Sarkozy) pour un petit déjeuner afin de «terminer l'année de façon amicale» . Les deux hommes avaient alors fait assaut d'amabilité. Une trêve qui n'aura pas attendu la fin de l'année pour se terminer...
 
Source: Libération
 
 
On se demande sérieusement à quoi joue le Ministre de l'intérieur, a t'il trouvé là un nouveau moyen d'essayer de se défaire d'un acteur majeur de la scène politique française qui refuse de se soumettre à lui? Après le CPE et l'affaire Clearstream, tentatives ratées d'affaiblissement du Premier ministre, on s'aperçoit que tous les moyens semblent bon pour se débarrasser des opposants à droite, même les plus bas, Sarkozy ferait pourtant mieux de s'interesser à la gauche qui profite de sa haine envers Dominique de Villepin. Dominique de Villepin sait rebondir à chaque fois, montrant son charisme et sa personnalité exceptionnelle.
 
Sur cette question, qui croire? Un Ministre dont la parole ne vaut pas grand chose comme l'illustrent ses promesses de ne pas privatiser GDF ou les annonces truquées de baisse de la délinquance? Ou un Premier ministre qui a toujours fait preuve dans son parcours de respect dans la parole donnée au risque même de se nuire parfois comme dans le dossier de la Nouvelle Calédonie? Pour moi, il ne fait nul doute que Dominique de Villepin dit la vérité, décidément Sarkozy joue un drôle de jeu, un jeu dangereux dans l'optique d'un rassemblement en 2007. Ces propos semblent avoir pour seul but de discréditer les déclarations sous serment de DDV et le mettre en porte à faux par rapport au Président Chirac dont il appuie l'innocence comme pour mettre en évidence une "pseudo-culpabilité" de Dominique de Villepin, une stratégie du diviser pour mieux régner tout à fait détestable.

En 2007, les français feront-ils confiance à un manipulateur pour qui la parole n'a que peu d'importance?

Publié dans 2007

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