Dominique de Villepin lance ses généraux dans la bataille de 2012

Publié le par P.A.

Dominique de Villepin n'a pas chômé le 1er mai. À la veille du premier jour de son procès en appel dans l'affaire Clearstream, l'ancien Premier ministre a choisi de recevoir à Paris les représentants départementaux de son parti République solidaire. À huis clos. Objectif : remotiver ses troupes, alors que lui-même est "préoccupé par le mois qui vient", comme le reconnaît l'un de ses conseillers. Et pour cause : quelques semaines après la présentation de son programme et des "incompréhensions" suscitées par sa mesure-phare - le revenu citoyen -, les sondages ne décollent pas, et le situent dans l'ensemble entre 5 et 7 %.

Très controversé, qualifié par ses détracteurs de mesure d'"assistanat", le revenu est la raison principale du départ du porte-parole du parti, Daniel Garrigue, à la veille de la présentation du programme de République solidaire. Une démission, qui, quoi qu'en disent publiquement les membres de République solidaire, a semé le trouble dans les rangs villepinistes.

Figure du villepinisme, François Goulard, qui, lui aussi, était en désaccord avec cette mesure, s'est tu et est resté, car il "ne veut pas gêner" Villepin. Mais, aujourd'hui, il ose se dire ouvertement favorable à une candidature unique au centre : "Il faut que Villepin, Borloo et Bayrou discutent et envisagent la façon d'aborder 2012", précise-t-il.

Ne pas avoir l'air de compter les signatures

Dans un tel climat, il fallait donc que Dominique de Villepin galvanise ses troupes dimanche. Et l'ancien Premier ministre, "en chemise, très détendu", s'est montré "déterminé et combatif", selon les participants. Et à en juger par la vidéo mise à disposition sur le site de République solidaire, si l'homme à la mèche blanche portait bien une veste, il n'a en effet pas lésiné sur les métaphores pour leur donner des raisons d'y croire. "Nous sommes le grain de sable qui, j'espère, a vocation à grossir et à être la plage même...", a-t-il déclaré, ajoutant : "Nous sommes à un moment décisif dans la vie de notre formation politique, mais surtout de notre vie nationale."

Sur la question fatidique des parrainages, il s'est montré optimiste et a manifestement demandé de faire passer le message. Un "homme d'État", tel que Dominique de Villepin, ne peut pas avoir à compter ses signatures, une à une, comme n'importe quel candidat... S'ils gardent leur nombre secret, ils se disent "confiants", voire très confiants, comme Bertrand Testard des Pyrénées-Atlantiques : "Nous ne visons pas 500, mais 2 000 ou 3 000 signatures", commente-t-il. Reste que certains conseils ont été donnés pour convaincre des élus réticents : "Le message, c'est que cela ne les engage à rien, c'est un geste républicain envers un ancien Premier ministre."

Passer les 10 % à l'automne

S'ils jurent que la question des parrainages n'en est plus une, certains membres de République solidaire reconnaissent en revanche que celle des sondages va se poser. À tel point qu'un changement total de stratégie est en cours : "Nous, on n'y va pas pour faire 5 %", prévient un conseiller de l'ombre.

"Dominique de Villepin est un candidat d'une dimension exceptionnelle, et il y a un espace politique énorme pour le candidat de centre droit. Notre programme est très ambitieux, mais pas assez lisible. On a trop misé sur le fond. Alors, on va remédier à cet amateurisme, restructurer le parti, faire émerger de nouvelles personnalités, avec les pieds sur terre. Montrer que Villepin n'est pas le seul, qu'il y a des gens costauds autour de lui, qui connaissent les campagnes...". Les objectifs chiffrés sont ambitieux, eux aussi : passer la barre de 10 % à l'automne. Faire 15 ou 20 % à l'élection.

Si toutefois la nouvelle équipe de campagne villepiniste ne parvenait pas à provoquer un tel décollage, l'ancien Premier ministre ne devrait pas s'obstiner. Alors, la question d'une entente avec Borloo est-elle envisageable, comme l'évoque François Goulard ? Le sujet est tabou pour la plupart des membres de République solidaire. Mais en privé, ce conseiller proche des instances dirigeantes concède, au sujet du président du Parti radical : "Il a fait un excellent travail de rassemblement au centre, ce que n'a pas voulu faire Villepin, car ça n'était pas son rôle." Et s'il ne croit pas Borloo capable "d'aller jusqu'au bout", il confie : "On ne ferme pas de porte. Il a beaucoup de qualités, c'est sûr."

Source: Pauline de Saint Rémy (Le Point)

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