A Harvard, M. de Villepin vante l'esprit d'aventure

Publié le par P.A.

A son ami Stanley Hoffmann, qui l'avait invité, vendredi 16 mars, à l'université Harvard, Dominique de Villepin est apparu apaisé. "Beaucoup plus détendu, dit le professeur : il a l'air tourné vers l'avenir." Il y a quatre ans, presque jour pour jour, Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, mettait en garde l'administration Bush, à la tribune de l'ONU, sur les risques d'une intervention militaire en Irak. Son retour sur les lieux du divorce avait l'air d'une manière de narguer les Américains.
Dans son intervention devant les étudiants de Harvard, le premier ministre français a montré que la page était tournée. Il a dit le bien qu'il pense du "modèle" américain. "La vraie force des Etats-Unis, ce n'est pas leur armée. C'est leur capacité à incarner le progrès et la modernité, la maîtrise des technologies de pointe, l'attractivité de leur territoire et de leur culture aux yeux du reste du monde", a-t-il dit.

Pour ses adieux de premier ministre français aux Etats-Unis, M. de Villepin a fait le tour de ses amis et des gens qu'il apprécie : Stanley Hoffmann, Joseph Nye, l'inventeur du concept de "soft power", Charlie Rose, le présentateur le plus francophile de la télévision américaine. Et Bill Clinton, ce qui a suscité des interrogations sur les projets du futur ex-premier ministre. A-t-il l'intention de s'expatrier ?, lui a-t-on demandé. "I am too french", a-t-il répondu. ( la première réponse à notre question, Villepin restera en France?)

A Harvard, M. de Villepin a pu mesurer qu'il reste apprécié par l'élite américaine. Les trois étages du Forum étaient combles. "Comme pour l'Iranien Khatami", a évalué un étudiant. Plus que sur l'Irak, il a été interrogé sur la "discrimination" qui frappe les jeunes des banlieues françaises, et la sélection par les grandes écoles. Il a été vivement applaudi lorsqu'il a incité les étudiants à avoir l'esprit d'aventure. "Je dis à mon fils : "Engage-toi dans la Légion étrangère, fais du parachutisme..." Ma génération est allée au Népal, en Inde, avec quelques sous en poche." Son fils Arthur, qui l'accompagnait aux Etats-Unis, était plutôt occupé à essayer de se mettre à la place de son "héros" de père. A l'ONU, il a pu s'asseoir dans la salle du Conseil de sécurité, là où son père avait prononcé son discours du 14 février 2003 : "N'oublions pas qu'après avoir gagné la guerre il faut bâtir la paix."

M. de Villepin a refusé de s'engager trop avant dans une conversation sur les élections françaises. "Et si (François) Bayrou gagne, que se passe-t-il pour l'Assemblée nationale, a demandé un étudiant. "Et s'il ne gagne pas, qui va gagner ?", a-t-il poursuivi. Le premier ministre a indiqué qu'il n'entendait pas commenter la situation intérieure française, étant à l'étranger, tout en citant le mot du dramaturge Harold Pinter : "Beaucoup, en Irak, meurent dans un pays étranger."

Interrogé après son discours sur les "responsabilités" qu'il souhaite voir prendre à l'Europe dans la crise irakienne, M. de Villepin a une nouvelle fois posé comme préalable le retrait des forces américaines en 2008. Il a également plaidé pour qu'un véritable rôle soit reconnu à l'Iran au Moyen-Orient. Il a souhaité aussi que l'aide de l'Europe aux Palestiniens soit "rétablie pleinement".

Publié dans Action gouvernementale

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