Interview: Dominique de Villepin AFP

Publié le par P.A.

Le Premier ministre Dominique de Villepin, interrogé par l'AFP à la veille de la deuxième Conférence nationale des finances publiques qu'il préside lundi, espère "accélérer la prise de conscience" par les Français de l'enjeu de la dette de l'Etat.

AFP: Que répondez-vous à la Cour des comptes, qui juge que l'amorce de désendettement est dû plus à des causes circonstancielles qu'à des mesures de fond ?

Dominique de Villepin: Partons d'un constat: en matière de désendettement, les choses vont mieux aujourd'hui qu'hier. L'endettement a baissé de 2 points en 2006. Pourquoi ? D'abord, parce que nous avons stabilisé les dépenses de l'Etat au niveau de l'inflation. Ensuite, parce que le retour de la croissance a permis d'affecter des recettes fiscales supplémentaires au désendettement. Enfin, parce que nous avons eu le courage avec Thierry Breton de valoriser le patrimoine de l'Etat et de lancer une gestion de trésorerie plus efficace. Le résultat, c'est que le déficit public a été ramené en dessous de la barre des 3% et que nous avons enfin rejoint la norme européenne: c'est pour moi l'essentiel, car cela nous permet de reprendre notre place en Europe. Mais la Cour des comptes est naturellement dans son rôle en nous appelant à inscrire cet effort dans la durée.

AFP: De quels moyens d'action dispose le gouvernement contre la dette d'ici à l'élection présidentielle ?

DDV: Si nous réussissons à faire prendre conscience à tous les Français de l'enjeu stratégique que représente la dette de l'Etat, nous aurons franchi un grand pas dans l'histoire économique et sociale de notre pays. Je veux le dire avec force: plus de dette pour l'Etat, c'est moins de richesse pour les Français.

Avec la deuxième conférence nationale des finances publiques, je suis sûr que nous allons accélérer cette prise de conscience. Mais nous débattrons aussi des propositions concrètes qui peuvent améliorer encore la bonne gestion de l'argent public. Je souhaite qu'un consensus se dégage à cette occasion entre l'Etat, les collectivités locales, les partenaires sociaux et la Sécurité sociale: tous seront présents, car j'ai voulu que ce rendez-vous des finances publiques soit aussi un grand rendez-vous démocratique.

AFP: L'enjeu du désendettement a-t-il la place qu'il mérite dans le débat politique ?

DDV: Il faut bien comprendre que le véritable enjeu du désendettement, c'est le pouvoir d'achat des Français - et le pouvoir d'achat sera, selon moi, le sujet central de la campagne électorale. Pourquoi y a-t-il un lien direct entre le désendettement et le pouvoir d'achat ? Tout simplement parce que moins de dette, c'est moins d'impôt. Moins de dette, c'est plus d'argent pour les services publics essentiels comme les hôpitaux, les universités, les centres de recherche. Et moins de dette, c'est plus de marge de manoeuvre pour nous préparer à ce défi immense qu'est le vieillissement de la population française: il faudra bien trouver l'argent nécessaire pour accompagner les personnes en fin de vie, pour soulager les personnes âgées, pour mieux soigner les maladies comme Alzheimer. Je vous donne un seul chiffre: chaque jour, nous dépensons 100 millions d'euros pour payer les intérêts de notre dette. Est-ce qu'il n'y a pas une meilleure façon de dépenser l'argent des Français ?

Source: AFP

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