« Pour un gouvernement d’union nationale »
Quelle est la réalité de votre campagne ?
La campagne est une bulle. Le privilège qui est le mien, c’est de pouvoir refuser cette bulle. J’avance un projet, des arguments, une vision. Je suis plus proche, de ce fait, de ce qu’est l’essence d’une campagne présidentielle.
Oui, je refuse de jouer le jeu de ce que le microcosme médiatico-politique appelle une « vraie campagne ». Mais où est la vraie campagne?
Qu’est-ce qui structure votre démarche ?
Je pars d’une analyse simple: la crise n’est pas une parenthèse. Depuis des mois je le répète: rien ne sera plus comme avant. Ce n’est pas à coup d’expédients et de promesses que nous allons nous en sortir. Les défis à relever sont tellement difficiles qu’ils appellent des changements profonds dans nos structures: modèle de production, modèle de consommation, modèle de protection sociale. Il faut revoir notre stratégie industrielle et énergétique.
N’avez-vous pas l’impression de prêcher dans le désert ?
Je ne suis pas soucieux de rentabiliser ma parole politique. Je ne fais pas de calculs, je ne fais pas de politique politicienne. Ma démarche est une démarche d’intérêt général. C’est tellement plus facile de se situer dans un sillon idéologique! Cela donne ce dialogue de sourds, auquel nous assistons, entre François Hollande et Nicolas Sarkozy. Au lendemain de l’élection, il faudra effacer toutes ces querelles, il faudra bâtir un gouvernement de redressement national. Je prends date pour l’avenir.
Mais le présent se dérobe…
Cela fait trente-cinq ans que je me bats pour les Français. J’ai une expérience et j’ai un bilan. Ils ne sont pas légion les hommes politiques français qui ont un bilan! J’ai mené un combat sur la scène internationale. J’ai mené des combats sur la scène politique intérieure. C’est cela qui m’a conduit à penser que, dans cette campagne présidentielle, je devais aller jusqu’au bout de mon chemin. J’ai une expérience, je dois la mettre au service des Français. C’est mon devoir. Quel homme politique je serais si je ne le faisais pas ?
Aujourd’hui, un candidat auquel les sondages accordent 1 % d’intentions de vote…
C’est vrai que ce n’est pas facile. Il y aurait mille choses plus agréables et plus confortables à faire. Mais je dois donner l’exemple. C’est par l’exemple que l’on fait bouger les choses. Ce n’est sans doute pas moi qui vais remporter l’élection.Et alors ? Il y a quelques idées qui sont en train de rentrer dans les têtes. Ce qui est promis, aujourd’hui, par l’un ou par l’autre, n’est que la moitié d’une promesse. Une promesse qui n’est qu’une promesse de gauche ou une promesse qui n’est qu’une promesse de droite, mais pas une promesse d’intérêt général, sera nécessairement corrigée par la réalité. C’est le message que je donne. Et, là-dessus, j’ai un temps d’avance.
Ne craignez-vous pas d’aller dans le mur ?
J’ai un ennemi. Ce n’est pas la finance, c’est la peur. La peur mange la France. La peur nous rend haineux, elle nous rend jaloux; la peur nous rend cyniques. J’ai une vision tragique de l’histoire, parce que tout cela peut tourner très mal. Je ne renonce pas. Cela peut paraître infinitésimal, cela peut paraître inutile au vu des sondages, mais cette politique est à bout de souffle. Si nous ne changeons pas cela, ça va mal se terminer.
Pensez-vous être en mesure d’être présent au premier tour de l’élection présidentielle ?
Ce n’est pas mon sujet. Je suis gaulliste. C’est une exigence d’ordre politique et d’ordre moral. On se bat avec des convictions, pour des principes. On refuse le renoncement. Je ne baisse jamais les bras. Personne n’attendait que je sois candidat ; je l’ai été.
De la même façon que je ne me rallierai pas, parce que ce n’est pas inscrit dans mon programme ni dans mon tempérament. C’est tellement facile de se résigner, de prendre sa petite place en rang d’oignons! C’est tellement facile de se taire! Je ne me tairai pas.
Source: Propos recueillis par Patrick Roger (Le Monde)