Dominique de Villepin à l'Elysée… sans sa carte UMP

Publié le par P.A.

L'entretien entre les deux hommes, qui se détestent, promet d'être tendu. Jeudi, dans le cadre de consultations pour le G20 français, Dominique de Villepin a rendez-vous avec Nicolas Sarkozy à l'Elysée. "J'irai lui dire les choses que les autres ne lui disent pas", a d'ores et déjà fait savoir l'ancien Premier ministre qui, à l'avant-veille de cette rencontre, a confirmé qu'il rompait définitivement avec l'UMP.

Le rendez-vous sera discret, mais ne passera pas inaperçu. Jeudi, Dominique de Villepin retrouvera le chemin de l'Elysée à la rencontre de Nicolas Sarkozy, plus de deux ans après sa dernière visite rue du Faubourg-Saint-Honoré. Les deux hommes, qui se vouent une détestation mutuelle, doivent officiellement échanger sur les objectifs fixés par la présidence française des G8 et G20 qui se dérouleront à Deauville et Nice cette année. La réception de l'ancien Premier ministre entre dans le cadre de plusieurs consultations avec d'anciens chefs d'Etat et de gouvernement voulues par le président de la République. Jacques Chirac, Lionel Jospin ou encore Jean-Pierre Raffarin ont déjà pu lui exposer leurs vues. L'ancien président Valéry Giscard d'Estaing devrait suivre prochainement.

Toutefois, au-delà de cet ordre du jour formel, les sujets de conversations - et les pommes de discorde - ne devraient pas manquer entre les deux meilleurs ennemis à droite. A commencer par l'actualité la plus brûlante: la fièvre démocratique qui a gagné le monde arabe et ses dégâts collatéraux pour la diplomatie française, synthétisés dans une tribune incendiaire publiée mardi, dans Le Monde, par "le groupe Marly". Un texte sans concession pour la politique étrangère de Nicolas Sarkozy et auquel Dominique de Villepin, sans surprise, souscrit pleinement. "Je vois avec inquiétude notre diplomatie connaître l'effacement alors même que les évènements dans le monde arabe (...) donne raison aux analyses de la diplomatie française", a déclaré l'ancien ministre des Affaires étrangères sur Europe 1, mercredi matin. La veille, au cours d'un déplacement à Lyon où il fut beaucoup question de cette rencontre élyséenne à venir, l'ex-locataire de Matignon a coupé court à toute spéculation - même la plus improbable - en déclarant qu'il "n'aspirait à aucune forme de responsabilité ministérielle", notamment au quai d'Orsay.

Dans la capitale des Gaules, lors d'un déplacement thématique consacré au logement, Dominique de Villepin a également fait savoir qu'il comptait aborder des sujets de politique intérieure avec Nicolas Sarkozy. "L'enjeu est: est-ce que le président est capable de réconcilier les Français?", a-t-il posé en préambule, ajoutant qu'il fallait en terminer "avec la logique du bouc émissaire", marque de fabrique, selon lui - et d'autres -, de la méthode Sarkozy depuis 2007. Et de prendre pour exemple la politique menée contre les Roms depuis l'été 2010 ou, plus récemment, le lancement d'un débat sur la pratique de l'islam en France. Autant d'initiatives qui ont pour conséquence, selon lui, de "montrer du doigt" certaines catégories de la population. "Comme avec Jacques Chirac, j'irai lui dire les choses que les autres ne lui disent pas", a encore lancé l'ancien secrétaire général de l'Elysée, ajoutant que son "devoir", à la tête de République solidaire, son mouvement lancé il y a moins d'un an, "est de proposer, d'offrir des alternatives".

"République solidaire est un mouvement qui se veut au-dessus des partis, qui va défendre une alternative à la politique de Nicolas Sarkozy en 2012", avait asséné Brigitte Girardin, numéro 2 de RS, au JDD.fr il y a quelques semaines, faisant peu de cas, au passage, du procès en appel qui attend son champion dans l'affaire Clearstream. Et dans cette optique, Dominique de Villepin, quasi-candidat au scrutin présidentiel, a sans doute choisi le bon moment pour marquer les esprits. Toujours à Lyon, l'ancien Premier ministre a en effet annoncé qu'il ne renouvellera pas son adhésion à l'UMP en 2011, relayant cette information, mercredi, sur ses comptes Twitter et Facebook. De quoi rejeter une bonne fois pour toutes la "main tendue" en fin d'année dernière par son "ami" Jean-François Copé, lequel ne désespérait pas, au contraire d'autres cadres du parti majoritaire, de ramener l'ex-bras droit de Chirac à de meilleures intentions vis-à-vis de l'Elysée. "Je regrette profondément qu'il ait décidé de quitter notre famille politique, je respecte son choix mais je le regrette profondément", a d'ailleurs réagi le secrétaire général de l'UMP, mercredi matin, lors de son traditionnel point presse.

Source: Nicolas Moscovici - leJDD.fr

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