Vœux à la presse

Publié le par P.A.

Les vœux que j’avais exprimés en 2006 n’ont pas été tout à fait inutiles parce que la tendresse a fait au moins une émule et cela me touche. Je suis heureux ma chère Chantal Didier que vous ayez compris si justement mon attente de vœux qui sont tout entier tournés vers le bonheur et la prospérité des Français. A chacune et chacun d’entre vous je souhaite, bien sûr le meilleur pour 2007 sur un plan personnel et sur un plan professionnel. A chacun des médias que vous représentez, je souhaite qu’ils puissent relever les défis de l’action et du développement dans un contexte de profonde transformation que je sais difficile.

Plus que jamais, à quelques mois d’échéances essentielles pour notre pays, je connais la lourde responsabilité qui est la vôtre : éclairer nos concitoyens, leur permettre de se prononcer sur les grands enjeux en toute connaissance de cause. Informer, vous le savez mieux que quiconque, c’est un métier. C’est un métier exigeant et parfois dangereux, vous l’avez rappelé Chantal. Mais c’est aussi un engagement, une exigence morale et l’un des piliers de notre démocratie.

Oui, 2007 marquera un profond changement. Nous ne choisirons pas seulement un Président de la République et une majorité pour diriger notre pays. Nous dessinerons surtout une volonté et un destin pour la France. Quelles sont les valeurs qui nous feront vivre ensemble ? Quel rôle pouvons-nous jouer en Europe ? Quelle voix voulons-nous porter dans le monde ? Voilà les grandes questions auxquelles nous devrons répondre.

Je souhaite que le débat soit le plus riche possible, le plus serein possible. Il doit être l’occasion d’un véritable échange des Français entre eux. Depuis des semaines nous voyons non seulement s’exprimer des responsables politiques mais aussi des chefs d’entreprise, des responsables syndicaux, des présidents d’association : c’est indispensable. Le débat politique ne doit pas se limiter à un débat entre responsables politiques. Il concerne tous les Français, qui attendent de nous un projet collectif à construire.

Comme Premier ministre, je suis fier, sous l’autorité du Président de la République Jacques Chirac, d’assurer dans des circonstances aussi essentielles pour notre pays la tâche qui est la mienne. Dans les semaines à venir, j’aurai à cœur de partager mon expérience, de tirer les leçons de ce qui marche en France et de ce qui ne marche pas. Je le ferai avec mes convictions, pour faire gagner la France. Je le ferai en défendant les valeurs qui sont celles de ma famille politique, parce qu’elles me paraissent les mieux à même d’apporter la liberté, le dynamisme, les protections dont nos compatriotes ont besoin. Je le ferai dans un esprit de rassemblement, parce que je crois que l’unité est la condition de la victoire. Et c’est pour cela que j’ai voulu me rendre dimanche au congrès de l’UMP avec Nicolas Sarkozy.

Vous avez, chère Chantal Didier, évoqué les tourments et les épreuves de Matignon. Vous savez que je n’ai jamais partagé cette vision, je ne retiens que le bonheur et l’honneur de servir les Français. Dans les mois à venir, je serai fidèle à mes engagements et soucieux de la mise en œuvre des changements qui ont été décidés. Dès le début de cette année, des mesures importantes vont intervenir pour les Français :
-   Je pense à la baisse de l’impôt sur le revenu : elle est effective depuis le 1er janvier et représente du pouvoir d’achat en plus pour la grande majorité des ménages. Je le dis avec force : il n’y aurait rien de plus décourageant pour tous ceux qui travaillent que de revenir sur ces baisses, comme le propose la gauche. La fiscalité ne doit pas décourager les Français, elle doit au contraire les aider et les motiver. Elle doit être plus simple, plus lisible, pour que chacun sache ce qu’il apporte à la collectivité. Elle doit être orientée vers les nouvelles priorités, comme nous avons commencé à le faire en faveur du logement et de l’environnement.
-   Je pense aussi à l’augmentation de la prime pour l’emploi, qui représente désormais l’équivalent un treizième mois : c’est la juste récompense des efforts accomplis par les salariés les plus modestes.
-   Je pense encore à la distribution d’actions gratuites pour tous les salariés : c’est la clé du développement d’un véritable actionnariat salarié. Avec elle, nous garantissons la stabilité du capital et nous récompensons l’engagement des hommes et des femmes au service de leur l’entreprise. Sortir du capitalisme de spéculation pour construire un capitalisme salarial, voilà l’un des grands défis des sociétés européennes.

Je veux profiter des mois qui viennent pour renforcer avec l’ensemble du gouvernement le cercle vertueux de la croissance, de l’emploi et du désendettement. Ce travail a déjà donné des résultats et je veux en remercier personnellement chacun des ministres. Il conforte les chances de notre famille politique en 2007.
-   A mon arrivée à Matignon, j’ai proposé une nouvelle donne aux Français : la donne de la croissance sociale. La croissance sociale c’est une ambition : donner un emploi à chacun. La croissance sociale c’est un principe : mettre l’innovation au cœur de toutes les entreprises, industrielles ou de service. La croissance sociale c’est une volonté : mieux partager les résultats de nos efforts. Dans quelques semaines nous tiendrons pour la première fois une conférence sur la croissance : elle servira à identifier les verrous, à faire sauter pour passer d’un chiffre de 2% à un chiffre de 3% par an. Elle devra aussi réfléchir aux moyens de tirer les salaires vers le haut sans affecter la compétitivité de nos entreprises. La motivation des salariés et la poursuite de l’innovation, voilà les deux clés d’une croissance forte qui est la condition d’une vie plus facile pour tous les Français. Car la croissance, c’est plus d’argent pour moderniser les services publics, c’est plus de revenu pour les salariés, c’est un pays qui attire les entreprises et crée de l’emploi.
-   L’emploi : c’est mon premier engagement à la tête du gouvernement, et il le restera. A force de volonté, nous approchons tous ensemble du taux de chômage le plus bas depuis un quart de siècle. Mais je le redis : la nouvelle frontière, ce sont les 6% de taux de chômage. Elle suppose de mettre en place de nouveaux instruments et d’apporter des réponses à tous ceux qui aujourd’hui continuent d’avoir des difficultés réelles sur le marché du travail : les salariés sans qualification, les chômeurs de longue durée, les jeunes. Je veux mettre mon expérience au service du débat et proposer quatre pistes de réflexion :
-   Première piste, un service public de l’emploi unique, pour mieux accueillir et mieux servir les demandeurs d’emploi comme l’a demandé le Président de la République.
-   Dans le prolongement de cette réforme, et c’est une deuxième piste de réflexion en cohérence avec ce que nous avons fait, il importe maintenant de réfléchir à la définition d’allocations chômage plus incitatives au retour à l’emploi mais aussi plus avantageuses pour les jeunes et les salariés précaires. Pourquoi ne pas ouvrir le droit à l’assurance chômage dès le 4ème mois au lieu du 6ème, pour tenir compte des contrats courts ? Pourquoi ne pas étudier un meilleur plafonnement des allocations pour inciter à un retour plus rapide à l’emploi ?
-   La troisième piste, c’est l’élargissement et l’amélioration du contrat nouvelles embauches sur la base d’une concertation étroite avec les partenaires sociaux.
-   Enfin quatrième piste, la mise en place d’une année de formation gratuite pour tous ceux qui n’ont pas un niveau de qualification suffisant, sur la base de ce que nous avons mis en place pour les apprentis juniors.
-   Pour terminer, vous me permettrez d’insister sur le désendettement : il doit être poursuivi avec obstination. Chaque euro que nous dépensons en plus pour le service de la dette, nous le distribuons en moins aux salariés français. Chaque euro que nous dépensons en plus pour le service de la dette, nous le donnons en moins à la modernisation de nos services publics. Le désendettement n’est pas un dogme : c’est un choix collectif, que je rappellerai lors de notre prochaine conférence sur le désendettement. Nous sommes aujourd’hui à 64% de dette publique, nous pouvons être en dessous des 60% en 2010 et viser 55% en 2012 : nous rejoindrons là aussi les grands pays européens.
-   3% de croissance, 6% de chômage, 55% de dette publique, voilà une ambition qui est désormais possible grâce aux résultats du gouvernement.

Les mois à venir seront aussi consacrés à la modernisation de notre vie sociale :
-   La France est un grand pays moderne. Et notre société a connu en quelques décennies des bouleversements majeurs : je pense par exemple à la recomposition des familles ou au vieillissement de la population. Toutes ces évolutions ont des conséquences concrètes sur la vie quotidienne de nos compatriotes : quand il faut deux logements au lieu d’un, quand il faut assurer seul la garde de ses enfants, quand il faut trouver une solution pour la prise en charge de ses parents âgés, c’est à chaque fois une inquiétude nouvelle et persistante. Depuis des années les Français se sont débrouillés seuls pour trouver des solutions. Il est temps de leur apporter des réponses.
-   En mettant en place le droit au logement opposable, en instituant le nouveau régime des successions qui permet la transmission des biens dans une famille recomposée, en renforçant la parité dans la vie politique, nous prévoirons le cadre nécessaire pour aider chacun avec le concours et le soutien de la majorité. L’Etat n’est pas là pour contraindre les Français, il est là pour leur simplifier la vie, il est là pour prévoir et accompagner. Prenez les tutelles : en adoptant un nouveau projet de loi, nous allons alléger les procédures administratives, permettre de désigner en toute sérénité une personne de son choix pour assurer sa protection. Dans quelques années il y aura plus d’1 million de personnes victimes de la maladie d’Alzheimer en France. N’est-il pas temps de se préparer ? J’ai donc voulu faire de cette maladie la grande cause nationale 2007, mais j’ai aussi tenu à accélérer la réforme des tutelles pour laquelle le gouvernement demandera l’urgence.

Ce travail du gouvernement et celui de toute notre majorité, je veux qu’il puisse bénéficier à tous les Français pour qu’ils se convainquent de l’efficacité de l’action politique, pour qu’ils sachent également que rassemblée, la nation est plus forte et mieux capable d’affronter les défis d’aujourd’hui. En ce début d’année, après près de deux ans d’expérience à la tête du gouvernement, je voudrais partager avec vous trois convictions, qui fondent pour moi la nécessité impérative de tout faire pour renforcer notre communauté nationale.

En premier lieu notre pays a besoin de règles et de valeurs fortes et respectées, qui font une Nation :
-   La société française est diverse : cette réalité est une chance. Mais ne sous-estimons pas le risque de voir les incompréhensions, les différences et le repli sur soi l’emporter sur ce qui nous rassemble. Le mouvement vers un communautarisme existe, comme dans tous les autres pays européens : pourtant nous savons que ce n’est pas la solution pour la France, qui a toujours défendu la nécessité de valeurs partagées et respectées par tous. La maîtrise de la langue française, la laïcité, l’égalité entre les hommes et les femmes, voilà des combats que nous ne devons pas laisser tomber. C’est la condition nécessaire pour que l’ouverture à d’autres religions et à d’autres pays reste acceptée par tous les Français. Nous travaillons aujourd’hui à une charte de la laïcité : sur cette base, peut-être faudra-t-il aller plus loin.
-   Soyons aussi exigeants sur la nécessité de faire respecter l’équilibre entre les droits et les devoirs de chacun. C’est une exigence à laquelle il faut se tenir et qui est la condition de l’équilibre social : l’accompagnement personnalisé des chômeurs suppose une recherche active d’emploi, l’attribution d’un logement social pour une famille de 4 personnes suppose de le rendre lorsqu’on n’est plus que deux, le versement du RMI suppose de travailler à sa réinsertion. Les droits ne doivent pas devenir des statuts, ils sont là pour aider chacun à surmonter ses difficultés et à sortir d’une situation précaire.

La deuxième conviction que je tire de mon expérience, c’est la nécessité de tisser de nouveaux liens entre les générations pour garantir une fois encore l’unité de la Nation :
-   Les jeunes sont les grands perdants de ces trente dernières années. Ils subissent à la fois une insertion tardive dans la vie professionnelle, des problèmes d’orientation scolaire et universitaire, des difficultés de logement. A l’autre bout de l’échelle, les plus de 50 ans sont exclus de manière précoce du marché du travail. Sans le savoir, nous avons fait le choix d’une société qui exclut au lieu de rassembler.
-   L’urgence absolue, c’est de s’attaquer au chômage des jeunes. Il faut le faire le plus tôt possible, en poursuivant la réforme de l’orientation que nous avons engagée et en divisant par trois d’ici à 2012 le nombre de jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme ni qualification. Au-delà de l’année de formation gratuite que j’ai proposée, nous devrons aussi engager une réforme en profondeur des universités et des grandes écoles : peut-on gagner la compétition universitaire internationale avec les mêmes règles de gestion et d’administration ? peut-on rivaliser avec les meilleures écoles mondiales sans chercher à regrouper nos grandes écoles et à élargir leur recrutement pour qu’elles atteignent une taille européenne et mondiale ? Je ne le crois pas : nous avons besoin d’ouverture et de rassemblement de nos forces, nous avons besoin de refonder le pacte entre la société française et son enseignement supérieur.
-   Nous l’avons appris ces derniers jours, nous avons l’un des taux de natalité les plus élevés en Europe : c’est un atout décisif pour notre pays. Un atout qui crée aussi des obligations, notamment pour aider les femmes à concilier plus facilement vie familiale et vie professionnelle : malgré les avancées que nous avons enregistrées, les choses restent encore trop compliquées pour beaucoup de femmes qui veulent faire garder leur enfant. Nous pouvons encore progresser, j’en suis certain : le rapport parlementaire qui me sera remis dans quelques jours ouvrira des perspectives.

Ma troisième conviction, c’est que la France a besoin d’une ambition européenne pour être elle-même et donner un véritable horizon à notre Nation :
-   La France a voté non à la Constitution européenne et pourtant elle garde une ambition politique pour l’Europe, que porte le Président de la République : une Europe qui protège, une Europe qui défend les intérêts économiques de ses entreprises, qui offre de vraies garanties sociales et qui affirme ses valeurs sur la scène internationale. Je le mesure tous les jours à Matignon : pour la plupart des grands enjeux de l’avenir de notre pays, l’Europe est bien la bonne échelle. Qu’il s’agisse d’environnement, de recherche, d’énergie, de lutte contre l’immigration clandestine, c’est avec nos partenaires européens que nous construisons les vraies solutions. Et pourtant nous le voyons aussi : même si nos idées rejoignent les préoccupations de beaucoup de peuples voisins, elles risquent de perdre du terrain. Sur l’énergie, sur l’harmonisation des normes sociales, sur la gouvernance économique et la politique monétaire, c’est le cas : notre non nous a affaiblis.
-   Il est donc essentiel que la France prenne la tête d’une nouvelle dynamique politique européenne : elle doit le faire avec humilité, en sachant faire évoluer ses positions et en se battant sur l’essentiel. L’essentiel, c’est d’arriver à construire une Europe politique plutôt qu’une Europe du marché. L’essentiel, c’est de promouvoir l’harmonisation sociale contre la dérégulation à tout va. Pour atteindre ces objectifs majeurs, il nous appartient de faire des choix clairs. Pour ma part, même si ce chemin peut paraître long, je pense que dans la nouvelle phase qui s’ouvre nous ne devons pas hésiter à remettre en chantier un nouveau projet institutionnel en liaison avec nos partenaires européens et en particulier l’Allemagne. Un tel texte ne pourra gagner sa pleine légitimité qu’en trouvant l’accord d’une majorité des Français. Nos compatriotes doivent mesurer la responsabilité qui est la nôtre dans la relance de l’Europe. A nous d’être à la hauteur de cette attente.

Chers amis,

Pour conclure, je veux vous dire ma conviction dans les capacités et les atouts de la France. Nous progressons et nous avons des résultats, même si les Français restent souvent impatients et inquiets. Avec de la persévérance, nous pouvons construire demain une société où chacun trouve sa place, où chacun peut espérer une vie meilleure pour soi-même et pour ses enfants.

Je vous l’ai dit, ma volonté à travers l’action gouvernementale que je veux mener jusqu’au dernier jour, c’est de faire gagner la France et les Français. Mon engagement depuis des années est au service de la France et au service des Français. Que cette année 2007 soit une année d’ambition et d’espoir pour notre pays.

Je vous remercie.

Dominique de Villepin

Publié dans Discours

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